Avec 3 millions d'entrées en France, le film "Indigènes" a déclenché un véritable tapage médiatique. Mais pour les immigrés maghrébins, le chemin vers cette consécration cinématographique fut long et pénible. De 1936, date à laquelle ils apparaissent pour la première fois sur les écrans dans une très courte séquence de "La vie est à nous", film à sketches de Jean Renoir, à 2006, date de parution de "Indigènes", près de 300 longs métrages de fiction (dont 80 pour cent sont produits après 1980) mettent en scène des immigrés maghrébins. Or, le traitement cinématographique qui leur est réservé porte la trace des différents préjugés qui circulent à leur propos tout au long de la période étudiée.
Les mécanismes de l'exclusion sont fondés sur un rejet systématique de la différence, réelle ou supposée, constatée ou construite, question qui est au centre du débat actuel sur les relations entre les valeurs universelles et les identités particulières et qui prend en France une tournure particulièrement importante compte tenu du pacte républicain, laïque et social établi depuis plus de 100 ans, héritage du siècle des Lumières et de la Révolution française. En partant du modèle républicain, l'auteur étudie la façon de concilier en son sein la volonté pour un individu ou un groupe d'affirmer son identité et le respect de l'intérêt général qui ne peut se résumer à la seule somme des intérêts particuliers.
Alors que le pourcentage de réfugiés dans le monde est infime par rapport à la population totale de la terre, les demandeurs d'asile sont a priori soupçonées d'utiliser les procédures de demande d'asile et de reconnaissance de la qualité de réfugié dans le seul but de contourner les restrictions imposées par les politiques migratoires par les pays riches. Après avoir fait un petit rappel du passé récent de la politique d'asile en France, l'auteur s'attache à analyser le climat de suspicion qui sous-tend cette politique, l'attitude à l'égard des demandeurs d'asile passant de la sympathie à la méfiance et à une mise à l'écart.
Penser a priori l'étranger comme un délinquant est l'une des plus solides structurations des imaginaires qui favorise les comportements racistes. Déjà présent durant l'Antiquité et au Moyen Age, ce préjugé n'a cessé de s'adapter aux réalités historiques, faisant de l'Autre un danger potentiel. Au début du XXIe siècle, ce préjugé se diffuse autour de deux catégories de populations : d'une part les "clandestins", d'autre part les jeunes issus de l'immigration vivant dans les banlieues pauvres françaises; qui ne cessent d'alimenter la chronique de l'insécurité.; Après avoir analysé le préjugé renouvelé après 1945 qui fait de l'étranger, notamment des Algériens, un "agent d'insécurité", l'auteur étudie le sentiment d'insécurité en tant qu'élément de la crise identitaire en France pour constater enfin que ce préjugé est de plus en plus partagé par l'opinion publique et les médias, les jeunes issus de l'immigration étant les nouvelles cibles.
Après avoir défini la rumeur, l'auteur analyse dans un premier temps les contenus des rumeurs, le contexte social dans lequel elles émergent, leur contrôle, la construction de la réalité sociale qui en découle,puis, dans un deuxième temps, sa fonction sociale : rationaliser les croyances sociales, accentuer la cohésion du groupe, expliquer l'inexplicable, se valoriser socialement.; Les rumeurs font partie des croyances irrationnelles qui mettent en évidence le paradoxe du fonctionnement psychologique des individus et du cadre social qui structure leurs interactions.
La notion de discrimination renvoie à des systèmes, des critères, des dispositions et des pratiques qui permettent, facilitent ou encouragent un traitement moins favorable envers des personnes se trouvant dans des situations semblables. Véhiculant une idée d'injustice et d'inégalité, la discrimination est une mise en cause de la valeur d'égalité. De ce fait, toute politique de lutte contre les discriminations ne peut désormais ignorer la question des préjugés ni celle des stéréotypes qui enferment les populations dans des catégories non fondées.
Le préjugé est un recours traditionnel dans le discours cinématographique. Dans cet article, l'auteur étudie l'usage qui est fait du préjugé dans les productions à grand public dans un objectif marchand, puis le renversement dans la représentation des minorités arabes et asiatiques. Entre la représentation cinématographique et l'image sociale, entre l'écran de nos pensées et la réalité de nos fantasmes navigue une image de l'Autre fondée sur les sédiments de l'histoire, les aléas de l'actualité, mais surtout sur une généralisation hâtive qui est à la base du préjugé.
Soucieux d'alimenter la réflexion sur l'importance de l'irrationnel en politique et tout particulièrement sur la question mettant en jeu l'ethnicité, les auteurs martèlent le fait que l'immigration, enjeu de débat public et électoral, nourrit des idées fausses qui provoquent des attitudes et des comportements bien réels. Préjugés ou stéréotypes, amalgames, clichés, idées reçues, rumeurs, fantasmes, les termes ne manquent pas pour appréhender l'Autre à différentes périodes de l'histoire. Derrière les préjugés et les stéréotypes, la discrimination est une constante.
Parce qu'on ne peut pas aborder les questions de représentation de soi et de ce que l'on donne à voir sans parler du poids de l'histoire commune entre la France et le Cambodge, la première partie de l'article est consacrée aux caractéristiques culturelles et historiques du Cambodge, tandis que la seconde partie porte sur l'héritage du protectorat sur l'élaboration de l'image de soi qui se construit en miroir avec le regard de l'Autre. Les Cambodgiens vivant leur différence au quotidien, l'auteur explore dans la denière partie les modalités et les domaines dans lesquels cette différence s'exprime.
Etude du parcours de deux grands sportifs issus de l'immigration italienne en France au cours de l'entre-deux-guerres : le cycliste Alfredo Binda et le boxeur Primo Carnera. Champions du monde l'un et l'autre dans leurs disciplines respectives, leur trajectoire et les discours qui les accompagnent présentent des analogies, mais aussi des singularités que l'auteur analyse ici. Au passage de l'ombre à la lumière, du statut de migrant à celui de sportif reconnu, s'ajoute la question de l'identité nationale telle qu'elle est perçue en France, mais aussi telle qu'elle est vécue par ces deux champions.
L'histoire de l'immigration italienne en France se confond avec une histoire d'intégration. Toutefois, cette intégration n'a pas suivi un cours linéaire en raison notamment de la versatilité entre acceptation et rejet de l'opinion publique française à l'égard des migrants italiens. Si les relations politiques avec l'Italie et la situation économique en France influent sur l'opinion, celle-ci se détermine aussi selon l'appartenance à une catégorie sociale et la nature des contacts établis avec les migrants. Les préjugés, qui participent à la structuration des représentations de l'altérité souvent très en amont du processus d'élaboration, ne sont pas imperméables aux circonstances.
Examen des représentations mentales du temps des étudiants finlandais et français et les représentations interculturelles qu'il peut engendrer lors des rencontres dans le cadre de la mobilité académique des étudiants français en Finlande à travers le programme d'échanges universitaires ERASMUS. Après avoir analysé la perception temporelle par rapport à l'altérité, l'auteur étudie le temps, les identifications et les représentations dans les rencontres interculturelles, puis l'identité et la perception du temps interculturel franco-finlandais.
Si bien la lutte contre les discriminations occupe désormais une place centrale dans le débat public français, force est d'admettre que la dénonciation des discriminations touchant les gens du voyage et/ou les Tsiganes reste encore problématique tant du point de vue des associations antiracistes traditionnelles que des institutions républicaines. De fait, les préjugés anti-Tsiganes relèvent d'un quasi-consensus entre les élites et la population, induisant la déshumanisation, sinon la dénationalisation d'un groupe social. Après avoir fait le constat que les Tsiganes sont exclus de l'imaginaire social, l'auteur s'attache à analyser le racisme municipal qui est à la base de la fabrication local du préjugé, devenant par la suite un préjugé d'Etat avec la caution officielle des élites républicaines.
Depuis le milieu des années 90 les politiques et les débats publics danois ont progressivement pris le caractère de "paniques morales", avec une focalisation négative et disproportionnée sur les "étrangers". Cette dernière catégorie (renvoyant aux ressortissants non occidentaux et à leurs enfants) est progressivement apparue comme synonyme d'une autre catégorie, les "musulmans", et depuis l'an 2000 c'est de plus en plus en ces termes-là que l'altérité est désignée. Cet article étudie ce processus en mettant en relief les principaux changements d'ordre législatif et le cadrage des débats politiques, la xénophobie, visible mais marginalisée entre 1970 et 1994 devenant généralisée entre 1995 et 2000, alors qu'entre 2001 et 2006 les mesures du programme de l'extrême droite sont mises en oeuvre. La banalisation de l'islamophobie et la publication des caricatures conduisent à penser que l'imaginaire national danois serait en crise.
La perspective de l'adhesion de la Turquie à l'Union européenne est le nouveau spectre qui hante l'Europe. Pour déjouer cette peur endémique, l'auteur fait une analyse de la situation sur des bases solides et non sur des impressions, voire des fantasmes.